Renforcer la rentrée scolaire pour lutter contre la malnutrition

La rentrée scolaire est un moment crucial pour réfléchir à l’avenir de nos enfants. C’est aussi une opportunité de renforcer notre combat contre la malnutrition, un fléau silencieux qui affecte des millions d’enfants en Afrique tropicale. Notre organisation, engagée depuis des années dans cette lutte, base son action sur une théorie du changement simple mais puissante : en améliorant les conditions d’apprentissage, nous contribuons directement à réduire la malnutrition et ses conséquences.

Comment ?

Nous intervenons principalement dans les écoles en créant des environnements propices à l’apprentissage. Cela passe par l’installation de cantines scolaires, l’amélioration de l’accès à l’eau potable, et l’électrification des infrastructures. Ces éléments ne sont pas uniquement des améliorations matérielles ; ils jouent un rôle crucial dans la lutte contre la malnutrition. Un enfant qui mange à sa faim à l’école et qui apprend dans de bonnes conditions est moins vulnérable aux carences nutritionnelles qui peuvent entraîner des retards cognitifs. Dans certaines régions d’Afrique tropicale, ce n’est pas le manque de nourriture qui pose problème, mais plutôt la qualité de celle-ci et l’accès à des repas équilibrés.

Un projet phare au Togo

Au Togo, nous avons lancé un projet de rénovation d’une école primaire à Todokpui au Nord de Lomé, avec pour objectif d’y améliorer les conditions d’apprentissage. En 2024, grâce à un partenariat, un forage a été installé pour garantir l’accès à l’eau potable pour les élèves et l’ensemble de la communauté. Nous sommes actuellement à la recherche de partenaires et de financements pour poursuivre cette rénovation, qui permettra par la suite la création d’un jardin pédagogique et d’une cantine scolaire. Ces deux initiatives contribueront non seulement à améliorer la nutrition des enfants, mais aussi à les sensibiliser à l’importance de l’agriculture durable et d’une alimentation équilibrée.

Notre vision à long terme

Agir sur la scolarisation des enfants est une étape fondamentale pour briser le cycle de la malnutrition. Mais cela ne suffit pas. Nous complétons ce travail au sein de nos Maisons de la Nutrition en menant des actions de sensibilisation auprès des mères sur les bonnes pratiques nutritionnelles et l’importance d’une alimentation diversifiée. Par ailleurs, nous accompagnons les parents dans le développement d’activités génératrices de revenus posant ainsi les bases pour évoluer vers une autonomie financière durable et une sécurité alimentaire pérenne pour leurs familles.

En agissant à ces trois niveaux – l’école, les familles, et l’économie locale – nous œuvrons pour accompagner les communautés à casser la spirale de la malnutrition infantile chronique.

Centre aéré pour les vacances scolaires à la Maison de la Nutrition d’Ibity

La maison de la Nutrition Gérard Galus à Ibity a innové cet été (l’hiver austral à Madagascar) par la mise en place d’un « centre aéré » (même si l’air ne manque pas de vigueur dans ce rude massif !) pour une quarantaine d’enfants.

Toujours avec le soutien financier de l’association ATA (salariés bénévoles de la cimenterie d’Ibity) qui organise chaque année le trail d’Ibity, la société Alpha Ciment et de généreux donateurs anonymes. Nous souhaitons développer cette initiative et l’étendre à beaucoup plus d’enfants par la suite.

Au programme, outre la collation enrichie à la spiruline le matin, un repas équilibré le midi et un goûter, de nombreuses animations réparties selon les groupes d’âge : jeux collectifs et activités sportives, activités artistiques, activités éducatives, activités manuelles,  la nutrition c’est aussi permettre l’épanouissement des sens et de l’esprit. C’est aussi apporter de l’affection tellement nécessaire au développement de l’enfant.

Pour cette période de vacances scolaires, la Maison de la Nutrition est ouverte toute la journée, avec le renfort d’une institutrice de l’École Publique Primaire, madame Navalano, en plus de nos deux animatrices : notre coordinatrice de projet Somayat et son adjointe, Tiaro. Des mamans sont venues nous prêter main forte bénévolement pour la préparation des repas.

Une belle satisfaction pour nos animatrices : plusieurs parents ravis ont exprimé leur satisfaction devant cette initiative en constatant des améliorations dans le comportement de leur enfant. 

Le Fonds de dotation Bien Nourrir l’Homme (groupe Savencia) vient une nouvelle fois de nous gratifier de sa confiance et de son soutien en nous désignant parmi les cinq lauréats de son appel à projet 2024.
La dotation va nous permettre de poursuivre les projets de « Maison de la Nutrition » de nos partenaires à Madagascar, ODADI (Organisation D’Appui au Développement Intégré), à 70 km au nord-est d’Antananarivo à Beorana, et Soakilonga (« Les beaux enfants »), au sud d’Ambositra, à Tsarazaza. Une belle aventure solidaire démarrée en partenariat avec le FDBNH, il y a 4 ans.
Outre la poursuite de nos programmes de cures de spiruline pour les enfants anémiés, de potagers-écoles et de formations aux bonnes pratiques nutritionnelles (entre autres) des mamans, le financement du Fonds Bien Nourrir l’Homme va permettre à ODADI de « pérenniser » son accès à l’eau par des solutions intelligentes de récupération et de stockage des eaux de ruissellement durant la saison des pluies, associé à un projet de rizipisciculture.
Il va aussi permettre à Soakilonga de restaurer ses parcelles de cultures emportées par les cyclones et les inondations dévastateurs de 2023 et d’améliorer ses productions grâce à un programme de réhabilitation d’abeilles afin d’améliorer la pollinisation considérablement réduite par la pratique intensive des cultures sur brûlis et la déforestation qui sévit ici comme partout ailleurs à Madagascar.
Le suivi des acquis auprès des mamans sera également au cœur de ce programme 2024-2025. Un grand merci au Fonds de dotation Bien Nourrir l’Homme pour son accompagnement fidèle.

Le drame de la malnutrition infantile chronique à Madagascar participe notamment de la situation de la pauvreté de l’enseignement, endémique sur la Grande Île.
Selon les sources UNICEF et PAM (Programme Alimentaire Mondial), moins de 10% des élèves malgaches bénéficient de repas à l’école, et à notre connaissance il ne s’agit alors que d’écoles privées gérées par des congrégations religieuses ou par des associations humanitaires. Dans les zones rurales, les cantines scolaires sont inexistantes.
A Madagascar, les enfants étudient le ventre vide. L’expression « l’estomac dans les talons » prend ici tout son sens cruel car le chemin de l’école est souvent long de plusieurs kilomètres à pied.
Ainsi, à Antenna France, au-delà de nos programmes de « Maisons de la Nutrition », nous souhaitons également intervenir pour promouvoir et soutenir des projets de cantines scolaires.
L’affaire est difficile car les bailleurs de fonds humanitaires, aussi généreux soient-ils, ne financent que la construction des bâtiments et le matériel. A charge aux associations de trouver les moyens permettant le fonctionnement et l’achat des denrées alimentaires. Rien moins que complexe sauf par le mécénat ou par les dons.
Grâce à l’appui financier de Restaurants Sans Frontières, nous venons de conclure à Antsirabe un partenariat avec l’Association Scolarisation Madagascar pour la construction d’une cantine scolaire, son équipement et son approvisionnement en eau, pour un montant de 6 000 euros. Antenna France abonde ce budget de 4 000 euros pour l’organisation de cures de spiruline, de sensibilisations et formations des mamans à l’équilibre nutritionnel et pour la prise en charge d’enfant en malnutrition aigüe sévère.
Scolarisation Madagascar qui finance le projet de construction de l’école (140 à 170 enfants issus de l’extrême pauvreté) assure l’achat des denrées alimentaires. La cantine permettra également de préparer les « sakafo » (repas) offerts par Scolarisation Madagascar aux enfants de la rue.
Merci à Restaurants Sans Frontières et à Scolarisation Madagascar. Un très beau projet avec de très beaux partenaires.

Nos partenaires à Madagascar, ODADI (Organisation D’Appui au Développement Intégré), à 70 km au nord-est d’Antananarivo à Beorana, et Soakilonga (« Les beaux enfants »), au sud d’Ambositra, à Tsarazaza, ne font pas que déplacer des montagnes. Elles (puisqu’il s’agit de deux femmes d’exception) les revitalisent. C’est tellement plus !

Les Maisons de la nutrition de madame Eulalia et du docteur Josette, loin de tout et quasi inaccessibles en période de pluies, sinon péniblement à pied ou en char à zébus, sont de beaux exemples de capacité à surmonter ce qui semble insurmontable. On appelle cela la résilience…
Avec notre appui depuis 2019 et grâce au soutien financier fidèle depuis 4 ans du Fonds de Dotation Bien Nourrir l’Homme (Groupe Savencia), ODADI a défriché et mis en culture un demi-hectare de terres arides en associant cultures potagères, vivrières et de plantes biocides, élevages (rizipisciculture, poules, lapins…) et foresterie selon des pratiques respectueuses de l’environnement.
Soakilonga fait de même pousser maïs, manioc et légumineuses sur des terres régulièrement submergées par les cyclones et les inondations, et sème des abeilles à tous les vents pour améliorer la pollinisation considérablement réduite par la pratique intensive des cultures sur brûlis et la déforestation.

Ces modes d’agriculture biologique, vertueux et soucieux des équilibres naturels, permettent d’espérer objectivement une autonomisation durable à terme de leur projet.
Le renforcement de leur alimentation permanente et durable en eau par des solutions intelligentes de récupération et de stockage des eaux de ruissellement durant la saison des pluies (mais pas que…) sont leur prochain défi.

Chaque année, au plus près des communautés villageoises, ces Maisons de la Nutrition accueillent plus de 200 enfants chacune, pour des cures de renutrition à base de collations enrichies à la spiruline, associées à la formation de centaines de mères sur l’amélioration de leurs pratiques nutritionnelles et de cultures vivrières.

Cette année notre assemblée générale se déroulera le 7 Mars 2024, au restaurant Diasporas à Paris. Elle sera suivie d’un moment de convivialité par un buffet africain.

Une nouvelle Maison de la Nutrition va voir le jour au Togo en 2024, à Dzrekpo à 1H30 au Nord-Est de Lomé. Ce projet, financé par la Guilde, la Fondation Akuo et la Fondation Artelia prévoit d’aménager cet espace au sein du dispensaire. La Fondation Artelia, pour son accompagnement, recherche au sein de ses salariés deux volontaires aux compétences proches des caractéristiques du projet, qui viennent sur site en mission sous la forme d’un Congé Solidaire*.
Marlène, Responsable de missions – Département MOE et Alexandra Chef de projet département Maîtrise d’œuvre Synthèse Exécution nous ont accompagné dans la définition du cahier des charges, en lien avec les souhaits du personnel du dispensaire et dans les échanges avec les entreprises locales candidates.
Elles ont par ailleurs participé activement à d’autres activités du projet, notamment l’organisation d’un concours de dessins pour illustrer le jardin scolaire en cours de réalisation au sein de l’établissement.
Grâce aux fournitures qu’elles avaient collectées avant leur départ, les gagnants ont été dotés de livres, cahiers et jeux éducatifs en attendant de participer activement aux activités de jardinage programmées dès le mois d‘avril pour les semailles !
 
 * Avec le congé solidaire, les salariés ont l’opportunité de vivre une expérience enrichissante à l’étranger. Créé à l’origine par l’association Planète Urgence en accord avec le ministère des Affaires étrangères, ce dispositif répond à une demande des entreprises soucieuses d’intégrer le bénévolat dans leur politique RSE. Pour elles, c’est un moyen de soutenir des projets à impact en cohérence avec leur politique RSE et de favoriser l’engagement des collaborateurs.

Antenna France est née de la volonté de « favoriser l’étude, le développement et la mise en œuvre de technologies permettant de répondre aux besoins essentiels des populations démunies dans les pays du sud, en particulier concernant la lutte contre la malnutrition, selon les principes du développement durable ».

Et c’est bien ce défi qui continue à nous animer aujourd’hui, celui d’adapter nos activités et nos projets aux difficultés, aux changements climatiques, politiques et sociaux qui ne manquent pas d’intervenir. Ne pas baisser les bras, poursuivre nos objectifs face à l’imprévu ou aux bouleversements, innover, faire preuve de résilience…
Concrètement, c’est par exemple la mise en œuvre d’un bélier hydraulique par l’association ODADI pour pomper l’eau d’une source d’un bas-fond. Cette technique a permis d’irriguer 55 ares de cultures aménagées en terrasses à flanc de montagne dans le cadre du projet nutritionnel et agri-bio du centre nutritionnel de Patrakala que nous soutenons depuis plusieurs années avec l’appui financier du Fonds Bien Nourrir l’Homme. Le projet se situe dans la région très isolée d’Analamanga (70 km au nord de Tananarive) qui ne bénéficie bien évidemment pas de raccordement électrique. La pompe bélier utilise la seule énergie du mouvement de l’eau et ne nécessite que très peu d’entretien.

Un autre exemple est la mise en œuvre de la technologie WATA élaborée par la Fondation Antena Genève. Il s’agit d’une solution simple, locale et durable, qui permet à l’association Soakilonga du docteur Josette notre partenaire, de purifier l’eau par la fabrication de chlore à partir simplement de sel et d’eau. Lutter contre les épidémies récurrentes de gastroentérite est vital, ces pathologies ont coûté cette année encore la vie à deux enfants dans une région laissée pour compte qui accumule les difficultés locales (commune de Tsarazaza dans la région d’Amoroni’Mania, au centre-sud-est du pays).

Autres innovations incluses dans nos programmes, la fabrication de charbon vert à partir d’argile, de déchets agricoles ou de bouses de zébus permettant de lutter contre la déforestation, et bien sûr l’utilisation de spiruline produite localement, source naturelle de fer pour lutter contre l’anémie et les retards de croissance provoqués par la malnutrition.

La mise en œuvre d’un modèle original de fonctionnement partenarial nous donne la possibilité de partager ces connaissances… qui chaque jour font avancer nos projets avec des résultats durables.